Billère, commune de 14 000 habitants et plus dense du Béarn, mitoyenne de Pau, fait face aux contraintes de l'espace en ville, ce qui engendre des difficultés de circulation. "C'est une ville très dense, ramassée sur elle-même avec un centre qui est traversé par une route d'importance qui est la route Pau-Bayonne", détaille Natalie Francq, adjointe à la Ville durable. La ville est également marquée par son relief : "On a une partie basse et une partie haute, ce qui a des impacts sur l’usage du vélo", poursuit-elle.
À 800 km de là, la communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup présente un tout autre visage : 36 communes allant de 50 à 10 000 habitants, avec une majorité accueillant moins de 500 habitants. Mais elle partage avec Billère un enjeu important lié à la mobilité. "70 % de la population active travaille sur la métropole de Montpellier. Et le déplacement est de plus en plus difficile pour entrer dans la métropole", explique Hussam Al Mallak, vice-président chargé de l'aménagement du territoire.
Le SRAV, fruit d'une politique cyclable préexistante
Dans ces deux collectivités, le SRAV s'inscrit dans une politique cyclable déjà engagée.
À Billère, une première école avait lancé, dès 2016, une initiative d’apprentissage du vélo, à l’initiative d’une enseignante. Cette expérience pilote a rapidement convaincu quand la ville s'est dotée d'un schéma directeur des mobilités actives en 2019.
Déployées initialement dans 4 classes en 2019 réparties sur 2 écoles, les séances de maniabilité vélo, aujourd’hui intégrées dans le cadre du Savoir Rouler à Vélo, couvrent désormais 22 classes sur 23 dans les cinq groupes scolaires. "Au début, les séances n’étaient aussi structurées qu’avec le SRAV. Sa mise en place nous a donné un cadre solide", explique Mélanie Oliveira, responsable du service Transitions.
Pour le Grand Pic Saint-Loup, l'intérêt pour le vélo remonte à 2019 : " Issue de la définition de schémas (Schéma de Cohérence Territoriale, Schéma Global des Déplacements, puis schéma directeur des modes actifs), la mobilité était une composante importante, et le vélo faisait partie des priorités." Lancé en phase expérimentale en 2021, le Savoir Rouler à Vélo a été progressivement étendu à tout le territoire. "Depuis 2021, près de 1 500 élèves ont bénéficié de la formation SRAV dans le cadre du programme Parcours mené en collaboration avec l’Inspection de l’Éducation nationale et visant à ouvrir le monde scolaire sur son environnement à travers différentes actions. Cela représente 15 classes par an", détaille Hussam Al Mallak.

Des résultats tangibles
Au fil des années, les deux collectivités ont pu constater des changements concrets dans les habitudes de déplacement.
À Billère, Natalie Francq observe : "Toutes les écoles sont maintenant équipées d’arceaux pour le stationnement des vélos. Au début, il y avait peu de vélos, mais aujourd'hui, il y en a de plus en plus. Les enfants ne font pas seulement du vélo à l’école. Maintenant, ils viennent à vélo à l’école”.
Cette tendance s'étend même au-delà des portes des établissements : "Les enseignants et les directeurs nous demandent des stationnements à l'extérieur de l'école pour les parents", ajoute Mélanie Oliveira.
Au Grand Pic Saint-Loup, Hussam Al Mallak témoigne d'une évolution similaire dans la commune de Vailhauquès dont il est maire : "On constate qu’il y a de plus en plus de vélos stationnés à l'école."
Génération Vélo, un accélérateur
Pour ces deux collectivités, le soutien de Génération Vélo a été un vrai plus pour déployer le Savoir Rouler à Vélo. "Génération Vélo finance 50 % du coût global, ce qui est important dans un contexte où les financements se réduisent sur certains projets", analyse Mélanie Oliveira. "Les subventions sont un point important. Le programme nous a également accompagnés pour nous orienter vers des intervenants de qualité", explique Hussam Al Mallak.
La préparation de l’après-Génération Vélo
La fin prochaine du programme Génération Vélo pose la question de la pérennité du dispositif. Les deux collectivités ont choisi de s’adapter pour poursuivre l'aventure.
À Billère, deux agents municipaux ont été formés pour assurer directement les séances auprès des classes de CM1 et CM2, afin de sécuriser le dispositif dans la durée. Au Grand Pic Saint-Loup, maintenir le SRAV est un choix assumé : "C'est un choix politique. Le Savoir Rouler à Vélo est un travail de longue haleine. Nous avons déjà sensibilisé une génération d'écoliers qui partent au collège. Mais les futurs élèves qui arrivent en CM2 devront eux aussi être sensibilisés", explique Hussam Al Mallak, qui espère obtenir des subventions de la préfecture pour compléter l'effort de la collectivité.
Le SRAV comme levier de transformation culturelle
Pour ces deux collectivités, le SRAV est aussi un outil de transformation culturelle.
Au Grand Pic Saint-Loup, Hussam Al Mallak insiste sur la nécessité d'une "révolution culturelle" : "Sur notre territoire, la voiture individuelle représente pratiquement 85 % des moyens de transport. Modifier le comportement des citoyens, c'est la première démarche à faire." Pour lui, le SRAV joue un rôle clé dans cette transformation : "Lorsqu'on sensibilise les enfants au plaisir de faire du vélo, les parents sont loin d'y être insensibles. Si on veut que demain les habitants utilisent davantage le vélo, cela commence aujourd’hui avec les enfants."
© photo Christophe Colrat