Elles ont en commun de rassembler un nombre important de villages sur un territoire étendu relié par des routes parfois très roulantes. Pourtant, la communauté de communes Bretagne romantique (25 communes entre Rennes et Saint-Malo) et celle de Cèze-Cévennes (23 communes au pied des Cévennes) ont réussi leur pari : déployer massivement le Savoir Rouler à Vélo sur leurs territoires ruraux. Leurs méthodes se rejoignent : patience, progressivité et événementiel fédérateur.

Des écoles pionnières créant un effet d’entraînement

Les deux collectivités ont adopté la même stratégie : commencer par des écoles volontaires pour créer une dynamique positive. "On avait des écoles pionnières, mais surtout des équipes qui ont tout de suite souhaité participé", explique Sébastien Delabroise, vice-président en charge des mobilités à Bretagne romantique.

À Cèze-Cévennes, tout a commencé en 2021 suite à la création d'une voie verte. "Nous avons réalisé 2,5 km de voies vertes et, dans la candidature de l’appel à projets Continuité Cyclable, il était demandé, pour obtenir une bonification, d'organiser le Savoir Rouler à Vélo dans les écoles à proximité, à moins de 10 km", explique Sandrine Corso, chargée de mission Mobilité.

"Nous avons proposé à ces écoles-là de mettre en place le SRAV et, comme ça a très bien marché, qu’il y avait une demande et que c'était une action prioritaire du schéma directeur des mobilités actives, cela a été proposé par la suite à toutes les écoles sur le territoire à partir de la rentrée 2021-2022. Nous avons démarré avec 8 écoles, puis 10, pour finalement parvenir à toucher presque toutes les écoles du territoire l'année dernière." Même constat en Bretagne romantique où l'effet d'entraînement a joué à plein : "Les enseignants qui voyaient que ça se passait bien ailleurs se disaient : 'Moi aussi, j'y vais'."

Cette approche progressive permet aussi de gérer les contraintes pratiques. Dans la Bretagne romantique, la collectivité fait appel à des intervenants locaux reconnus : "Les intervenants sur lesquels nous nous appuyons connaissent très bien le territoire et déployaient déjà le Savoir Rouler à Vélo dans une des communes. Nous savions que nous pouvions nous appuyer sur eux au regard de cette expérience", souligne Florent Vendé, chargé de développement mobilité.

Quand l'événementiel renforce l’adoption du vélo au quotidien

Au-delà des séances d'apprentissage, les deux collectivités ont misé sur des événements fédérateurs pour ancrer le vélo dans la culture locale. La Bretagne romantique a organisé des vélorutions qui ont rassemblé "plus de 130 personnes au total sur les trois événements".

Cèze-Cévennes a choisi de valoriser l'aboutissement du parcours avec une remise officielle des diplômes, en présence des élus des communes.

Des résultats concrets sur le terrain

À Cèze-Cévennes, 15 écoles sur 16 participent désormais au dispositif, touchant 336 élèves sur l'année 2024-2025. En Bretagne romantique, 11 écoles sont engagées, et la collectivité se dit "un peu victime de son succès" face aux demandes croissantes.

Les changements d'habitudes sont observables. "Il est très rare que des élèves ne puissent pas faire la sortie sur route à la fin de la semaine alors qu’il y a presque toujours des enfants qui ne savent pas du tout faire de vélo au début des apprentissages", observe Sandrine Corso. Et les effets vont au-delà des séances elles-mêmes : "On constate que davantage d'élèves se rendent à l'école à vélo. Certains achètent un vélo par la suite. Et, côté sécurité, la majorité des enfants circule avec un casque."

L'accompagnement déterminant de Génération Vélo

Pour ces territoires ruraux, l'accompagnement de Génération Vélo a été décisif. "Cela a participé à légitimer notre choix puisqu'on travaillait déjà avec les moniteurs qui étaient référencés", explique Sandrine Corso. "Au niveau administratif, la plateforme a également facilité les choses." Le financement à 50% a également constitué "un argument fort pour défendre le projet auprès des communes".

Vers une approche globale de l'écomobilité scolaire

Les deux collectivités ne s'arrêtent pas au seul SRAV. "L'objectif est de proposer un programme d'écomobilité scolaire aux écoles qui inclut le challenge mobilité scolaire, le Savoir Rouler à Vélo et des interventions sur la thématique mobilité", décrit Georges Vercoutère, vice-président à la mobilité et politique de l’habitat. La collectivité accompagne également les écoles pour les inciter à déployer des vélobus, des pédibus ou du covoiturage.

La Bretagne romantique, quant à elle, a mis en place "un défi scolaire dans le cadre de 'Mai à vélo'".

Le défi de la pérennisation : la volonté politique à l'épreuve

La fin du programme Génération Vélo pose la question de la pérennité du dispositif. Les deux collectivités ont choisi de poursuivre la démarche.

À Cèze-Cévennes, c'est la communauté de communes qui prendra en charge 100% du financement si aucune subvention n'est trouvée. "Il y a une volonté politique forte de s'impliquer sur le sujet", insiste Georges Vercoutère, "parce qu'il y a des retours très positifs à la fois des communes et des écoles, des enseignants, des élèves."

En Bretagne romantique, Sébastien Delabroise pointe l’importance de la pérennisation du dispositif : "Si c'est une action qui dure une voire deux années, cela ne sert à rien. Il faut s’inscrire dans la durée car plusieurs années sont nécessaires avant d'avoir un véritable impact sur un territoire."

© Cève-Cévennes