La région des Pays de la Loire est engagée de longue date dans le développement de la pratique du vélo. À La Roche-sur-Yon, l'apprentissage du vélo fait partie intégrante de la politique locale depuis près de 30 ans. "Nous faisions déjà de l'éducation à la sécurité routière dès 1994", explique Gilles Béasse, directeur des transports et déplacements durables à l'agglomération de La Roche-sur-Yon. "Quand le SRAV est apparu, pour nous, c'était une évidence puisque nous faisions déjà de l'animation sur la sécurité routière à vélo avec tous les enfants des écoles de la ville et de l'agglomération."
Les Pays de la Loire bénéficient d'un contexte particulièrement propice au développement du SRAV. La région compte de nombreuses collectivités déjà engagées dans des politiques cyclables, avec des schémas directeurs vélo et des chargés de mobilité. "Quasiment toutes les intercommunalités sont Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM)", souligne Léo Moncomble, animateur régional Génération Vélo. "Beaucoup de communes voient aussi le SRAV comme un moyen d'encourager l'activité physique régulière des enfants."
Des modèles de déploiement adaptés aux territoires
Cette dynamique régionale se traduit par une diversité d'approches dans le déploiement du SRAV. À Orvault, en Loire-Atlantique, la commune a fait le choix d'une gestion entièrement interne en formant ses éducateurs territoriaux via Génération Vélo. Cette stratégie permet un apprentissage progressif sur plusieurs années scolaires, encadré par une convention avec l'Education nationale. À l'inverse, Château-Gontier-sur-Mayenne a opté pour une externalisation complète, confiant l'ensemble du dispositif à une association locale. Lancé en 2022, le dispositif touche aujourd'hui l'ensemble des élèves avant leur entrée au collège.
Entre ces deux approches, La Roche-sur-Yon a développé un modèle “mixte”. "Les blocs 1 et 2 sont assurés en interne par nos agents", détaille Malik Abdallah, adjoint au maire délégué aux mobilités. "Pour le bloc 3, une personne en interne a été formée et nous travaillons également avec le Centre Vélo, une association locale partenaire de La Roche-sur-Yon Agglomération, subventionnée à hauteur de 110 000 euros." Cette organisation permet des objectifs ambitieux : pour l'année 2024-2025, 60 classes sur les 70 classes de CM2 de l'agglomération bénéficieront du dispositif. La collectivité a triplé son investissement, passant de 27 000 euros en 2022 à 84 000 euros aujourd'hui, dont la moitié est prise en charge par Génération Vélo.
La Fédération Française de Cyclisme : partenaire-clé du déploiement
Le Comité Régional de Cyclisme des Pays de la Loire joue un rôle moteur dans le développement du SRAV. "Depuis 2021, nous avons intégré un module SRAV dans notre diplôme d'animateur fédéral", explique Amélie Libeau, chargée de développement. "Tous les stagiaires sont désormais sensibilisés à l'encadrement du SRAV. Nous organisons également des formations financées par Génération Vélo, avec déjà trois sessions réalisées en 2023-2024 et cinq prévues en 2025. Nous sommes également à disposition des collectivités territoriales pour assurer un rôle de coordination quand c’est nécessaire."
Le comité régional accompagne les clubs à travers plusieurs actions : mise à disposition gratuite de matériel pédagogique, organisation de journées d'échanges de bonnes pratiques, distribution de livrets pédagogiques et aide au montage de dossiers de subvention. Cette stratégie porte ses fruits : la région compte aujourd'hui 24 structures FFC impliquées dans le SRAV, dont 17 disposant d'éducateurs professionnels. Des clubs comme la Roche-sur-Yon Vendée Cyclisme et Angers Métropole Cyclisme 49 délivrent respectivement plus de 1 200 et plus de 1 800 attestations par an, se classant ainsi dans le top 5 national des structures de la Fédération française de cyclisme (FFC) les plus actives.

© FFC
L'effet accélérateur de Génération Vélo
Le programme Génération Vélo a joué un rôle déterminant dans cette réussite. La prise en charge à 100 % des formations et le cofinancement à 50 % des interventions ont permis d'accélérer significativement le déploiement. "Une attestation sur deux a été délivrée avec le soutien de Génération Vélo", souligne Léo Moncomble. En 2023 et 2024, 15 formations ont été organisées dans la région, permettant de former plus de 150 personnes avec au moins une session dans chaque département.
Au-delà du soutien financier, l'accompagnement technique et la mise en réseau des acteurs ont facilité l'émergence de projets. De nombreuses collectivités ont ainsi suivi un parcours en trois temps : découverte du dispositif et expérimentation en année 1, élargissement du dispositif avec davantage de classes et d’écoles en année 2, et généralisation (ou presque) en année 3.
Des impacts qui dépassent l'apprentissage du vélo
Les effets positifs du SRAV s'étendent au-delà de l’apprentissage du vélo. À La Roche-sur-Yon, les parents dont les enfants ont été formés ont eux aussi développé leur pratique. Ils réclament désormais davantage d'infrastructures cyclables et d'équipements de stationnement. "Si on coupe la dynamique du SRAV, on coupe la dynamique globale", alerte Malik Abdallah. Un constat qui résonne particulièrement alors que le programme Génération Vélo arrive à son terme en 2025, soulevant des interrogations sur la pérennité du dispositif actuel.
La question du financement sera un élément clé pour poursuivre cette dynamique après 2025. "Nous continuerons évidemment à avoir un budget dédié car le SRAV est totalement intégré dans notre politique de déplacement", souligne Malik Abdallah, qui ajoute que "la hauteur de l'accompagnement dépendra des moyens disponibles". Un enjeu partagé par de nombreuses collectivités qui ont inscrit l'apprentissage du vélo dans leurs priorités grâce au soutien de Génération Vélo.
La réussite des Pays de la Loire démontre qu'avec une mobilisation collective et des moyens adaptés, il est possible d'atteindre et même de dépasser les objectifs fixés pour le Savoir Rouler à Vélo. L'enjeu est désormais de maintenir cette dynamique au-delà de 2025, pour que l'apprentissage du vélo continue de se développer et que les jeunes Ligériens d'aujourd'hui deviennent les cyclistes de demain.
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