Comment préparez-vous les sessions du Savoir Rouler à Vélo avec les enseignants ?
Julien Cabardi : Nous commençons la préparation avec les enseignants un mois avant notre intervention. Il est essentiel que les élèves acquièrent certaines connaissances de base avant notre arrivée. Pour cela, nous fournissons notamment aux enseignants une séquence vidéo centrée sur les panneaux de signalisation, à intégrer dans leur enseignement avec les enfants. Cette préparation préalable nous permet de maximiser le temps consacré au bloc 2 du Savoir Rouler à Vélo, en évitant de devoir introduire ces concepts de base pendant les sessions.
Aurélien Legros : L'idée est d'impliquer les enseignants dans le projet pédagogique dès le début, pour prévenir toute réticence ou obstacle. En les rendant acteurs du programme, nous favorisons une meilleure intégration du Savoir Rouler à Vélo dans le cursus éducatif et une participation active des enseignants.
Comment structurez-vous le bloc 1 “Savoir Pédaler” du Savoir Rouler à Vélo ?
Aurélien Legros : Le premier bloc est souvent mal compris, considéré à tort comme un simple ensemble d'ateliers de maniabilité. Or, les compétences développées ici ne sont pas seulement des exercices de dextérité ; elles sont fondamentales pour la sécurité abordée dans le bloc 3.
Julien Cabardi : Il y a une tendance à dire aux enfants ce qu'ils doivent faire sans nécessairement leur apprendre comment le faire. Ce biais, que nous avons observé, souligne l'importance d'un processus didactique pour enseigner aux enfants non seulement les actions à réaliser mais aussi la manière de les exécuter correctement.
Par exemple, il est essentiel que l’enfant sache réaliser correctement les gestes pour tourner à droite ou à gauche dès le bloc 1. Il est important d'avoir des attentes techniques précises dès le premier bloc pour assurer la sécurité dans le bloc 3 et poser les bases du comportement du futur cycliste.
Comment gérez-vous les différences de niveau entre les élèves dans le bloc 1 du Savoir Rouler à Vélo ?
Julien Cabardi : Nous privilégions la formation de petits groupes segmentés par niveau. Cette organisation nous permet d'adresser les besoins spécifiques de chaque enfant. L'implication des enseignants est également un élément-clé pour répondre efficacement aux différences de niveau. Nous formons les enseignants à animer des ateliers en leur fournissant par exemple des vidéos éducatives qui leur montrent comment enseigner le vélo aux enfants.
Aurélien Legros : Chaque enfant peut avancer à son propre rythme grâce à des étapes intermédiaires bien définies. Cette approche permet non seulement d'atteindre l'objectif commun mais offre également la flexibilité nécessaire pour que chaque participant puisse progresser à partir de son niveau actuel.
Nous encourageons également une forme d'autonomie en permettant aux enfants de choisir le groupe de niveau qu’ils rejoignent initialement. Ils peuvent ensuite passer d’un groupe à l’autre en fonction de leur progression. Cette méthode favorise un apprentissage plus rapide et plus naturel.
Julien Cabardi au cours d’une session d’apprentissage à la mobilité à vélo - © Alex Conil
Comment abordez-vous les apprentissages du bloc 2 ?
Aurélien Legros : L'objectif du bloc 2 dépasse le simple apprentissage des panneaux de signalisation ; il s'agit de développer chez les élèves la capacité à capter des informations et à prendre des décisions de manière autonome. Si cette compétence n'est pas acquise durant le bloc 2, les élèves rencontreront des difficultés dans le bloc 3.
Julien Cabardi : Dans le cadre du bloc 2, l'accent est mis sur le positionnement correct sur la chaussée, un aspect fondamental pour la sécurité des cyclistes. Initialement, nos séances s'apparentaient davantage à des jeux, organisés sur des parcours routiers miniatures réalisés par nos soins ou existants mais qui ne reflétaient pas la réalité. Aujourd'hui, nous privilégions l'utilisation d'infrastructures à taille réelle pour que le positionnement des élèves soit le plus proche possible de ce qu'ils rencontreront sur la route. Nous pouvons également commencer à pratiquer directement sur la chaussée près de l’école pour aborder des notions telles que le STOP ou le cédez le passage. Cet apprentissage se fait dans des zones à très faible circulation, ce qui assure la sécurité des enfants.
Quelles stratégies utilisez-vous pour préparer les élèves à rouler sur la chaussée en autonomie ?
Julien Cabardi : Nous mettons à disposition une vidéo tournée sur le parcours qui sera réalisé par les enfants dans le cadre du bloc 3, à proximité immédiate de leur école. Celle-ci détaille notamment toutes les prises de décision que l’enfant devra prendre sur la route. Les parents peuvent ainsi s’entraîner avec leur enfant entre le bloc 2 et le bloc 3. De même, le professeur peut utiliser cette vidéo en classe avec ses élèves pour les préparer à ce parcours.
Comment l'encadrement des séances est mis en place, particulièrement pour le bloc 3, afin d'assurer la sécurité des enfants ?
Julien Cabardi : L'organisation de l'encadrement des séances, notamment pour le bloc 3, s'appuie sur les directives officielles du ministère des Sports. Nous allons au-delà du taux d’encadrement minimum recommandé. Par exemple, avec un total de 9 encadrants pour un groupe de 26 enfants, incluant des parents accompagnateurs, nous pouvons fournir une attention personnalisée et disposer de temps pour soutenir un enfant en difficulté.
Aurélien Legros : L’image qu’on se fait du bloc 3 du Savoir Rouler à Vélo est celle d’un enfant qui roule, suivi par des animateurs prêts à intervenir. Ce n’est pas ce qui se passe lors de nos séances. Nous sommes souvent à l’arrêt.
Le parcours est tout d’abord divisé en petites sections, permettant une décomposition préalable des actions que l'enfant devra exécuter. Cette méthode favorise l'apprentissage de l'autonomie en segmentant les exercices, en évaluant la capacité des enfants à interagir avec leur environnement et à prendre des décisions pertinentes. Cette pédagogie, par la répétition, vise à développer une autonomie complète des enfants dans leurs déplacements.
Cette méthode se distingue nettement d'une simple balade à vélo encadrée, car elle met l'enfant au centre de l'apprentissage, l'obligeant à écouter, observer, et agir de manière indépendante.
L’évaluation se déroule ensuite sur parcours d'un à deux kilomètres, où l'enfant doit naviguer seul, avec des observateurs positionnés à chaque carrefour mais sans intervention directe, permettant ainsi l'atteinte de l'autonomie visée par le SRAV.
Cette vision démontre que l'autonomie des enfants est une finalité atteignable en dix heures d’intervention avec une préparation adéquate dès le premier bloc.
→ Visionner la vidéo : Evaluation bloc 3 Savoir Rouler à Vélo
Quels sont les défis logistiques que vous rencontrez dans l’organisation de ces sessions et comment les surmontez-vous ?
Julien Cabardi : Notre association s'est lancée le défi de mener ses actions de façon entièrement décarbonée. Pour ce faire, nous utilisons des vélos cargos et des remorques à grande capacité pour transporter nos équipements, y compris les vélos nécessaires aux sessions. Le transport peut prendre jusqu’à 1h30. Cette approche logistique, bien qu'elle rallonge le temps de transport, a un impact positif notable lorsqu'on arrive dans une école. Elle illustre concrètement aux yeux des enseignants et des parents que des solutions de mobilité durable sont réalisables, ouvrant ainsi le champ des possibles.
Une préparation minutieuse nous permet de connaître à l'avance le niveau des élèves, ainsi que leur équipement personnel (vélos, casques), ce qui optimise nos besoins logistiques. Lorsque les enfants possèdent déjà un vélo, nous les réparons pendant les sessions du SRAV pour leur permettre de disposer de leur propre matériel, en état de fonctionnement et sécuritaire pour la pratique.
Ayant progressivement cessé de construire des pistes de sécurité routière pour privilégier l'utilisation de l'espace public extérieur, nous avons besoin de solutions de stockage à proximité. Quand cela est possible, nous nous appuyons sur les parents d'élèves qui disposent d'un garage ou d'un espace de stockage. Cette méthode présente l'avantage de participer à une sensibilisation en rendant visible auprès de la communauté ce changement sociétal où toute une génération adopte de nouvelles habitudes de mobilité.
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