Comment est né le projet de déployer le Savoir Rouler à Vélo ?
En 2020, nous avons bénéficié d'une subvention France Mobilités pour promouvoir, entre autres, les mobilités scolaires. Le déploiement du Savoir Rouler à Vélo (SRAV) dans nos centres de loisirs s’est fait tout naturellement. Mais nous nous sommes aperçus que cela avait une limite : tous les enfants ne fréquentent pas les centres de loisirs. Dans la continuité, la promotion du Challenge Éco-mobilité des scolaires des Hauts-de-France auprès de nos écoles a permis de sensibiliser les élèves à des modes de déplacements plus respectueux de l'environnement et de mettre en place des actions éco-mobiles comme le vélobus. Nous avons alors décidé de proposer le financement du SRAV aux écoles participant au Challenge. Le succès a été progressif mais constant : nous sommes passés de 2 écoles participantes au début à 13 aujourd'hui ! Nous fonctionnons désormais par cycles de deux ans : nous formons les CM1 et CM2 une année sur deux, ce qui nous permet de toucher progressivement tous les élèves du territoire avant leur entrée en sixième.
Quel rôle a joué Génération Vélo dans ce déploiement ?
Sans les subventions de Génération Vélo, le financement total du SRAV par la communauté de communes aurait été difficile à obtenir. Nous n’aurions pas pu nous engager à une si grande échelle. Aujourd’hui, l’ensemble des élus ont pu constater l’impact positif de cette initiative, qui touche tous les enfants du territoire, même les plus petites communes. Si Génération Vélo s’arrête, tous sont convaincus de l’importance de poursuivre cette initiative, car c’est une action forte qui touche les jeunes générations.
Concrètement, comment organisez-vous les sessions du Savoir Rouler à Vélo ?
Nous travaillons avec une association installée à proximité de notre territoire. Les sessions sont animées par des éducateurs sportifs formés, ce qui rassure les parents. Nous disposons aussi d'une flotte de 30 vélos, achetée spécifiquement pour déployer le SRAV. Au-delà de l'apprentissage du vélo, les sessions s'inscrivent pleinement dans le programme scolaire du cycle 3, avec un important travail sur l'orientation et le repérage dans l'espace. Les enseignants et les éducateurs collaborent pour identifier les parcours et intégrer ces aspects pédagogiques.
Quel est le bénéfice du Savoir Rouler à Vélo pour les élèves et les familles ?
On constate que certains enfants ne savaient pas faire de vélo en CM1-CM2, ce qui est surprenant en territoire rural. Le SRAV leur permet d'acquérir une réelle autonomie de déplacement, validée par des professionnels. Les éducateurs sportifs ne délivrent pas le diplôme à la légère : si l'enfant n'a pas toutes les compétences, ils lui disent de continuer à rouler avec ses parents en attendant de repasser la formation l'année suivante.
Notre objectif est que tous nos écoliers soient autonomes à vélo avant leur entrée au collège. C'est déjà une réalité : dans un de nos collèges, les arceaux de stationnement vélo, une vingtaine sont pleins ! En 2024, nous avons diplômé 323 élèves. En 2025, nous intégrerons également une classe d'IME (Institut médico-éducatif), accueillant des enfants en grande difficulté, au dispositif.
Pour les familles, cette autonomie ouvre de nouvelles perspectives. Les parents nous disent souvent qu’ils se sentent rassurés de savoir que leurs enfants savent rouler en sécurité, et que les éducateurs sportifs ont validé leurs compétences. Cette confiance ouvre la porte à de nouvelles habitudes : se rendre au collège à vélo, aller chez un ami dans un village voisin, ou encore faire un trajet simple comme aller chercher du pain. En milieu rural, où les distances entre certains lieux restent courtes mais souvent dépendantes de la voiture, le SRAV montre qu’il est possible d’adopter le vélo pour ces déplacements du quotidien.
Comment le Savoir Rouler à Vélo s’inscrit-il plus globalement dans votre politique en faveur des mobilités actives ?
Nous avons une large palette d'initiatives en cours pour répondre aux besoins de tous les publics, ce qui nous a d'ailleurs valu d'être lauréats des Talents du Vélo et de la Marche 2024 décerné par le Club des villes et territoires cyclables et marchables. Dès 2025, nous organiserons des remises en selle pour des adultes, y compris des seniors et des personnes en situation de handicap. Nous proposons aussi depuis trois ans un prêt gratuit de vélos aux habitants, avec une flotte d'une trentaine de vélos, et nous avons récemment intégré un tricycle électrique pour faciliter les déplacements.
En parallèle, nous avons travaillé à l’installation de totems de réparation et de supports vélo sécurisés autour de nos gares pour inciter aux déplacements multimodaux. Nous avons aussi lancé des treks à vélo pour les jeunes : l’an dernier, un groupe de 15-17 ans a parcouru 200 km en 4 jours, une expérience inoubliable pour des adolescents qui, pour certains, n’avaient pas fait de vélo depuis des années. Cette année, nous prévoyons d’organiser une colo apprenante qui combinera révisions pour les brevets et sorties culturelles à vélo.
À moyen terme, notre objectif est de développer un plan de circulation et un réseau points-nœuds avec des itinéraires sécurisés pour connecter les villages. Nous voulons encourager les déplacements à vélo sur de courtes distances, par exemple pour aller au collège, vers les commerces de proximité , et ainsi réduire la dépendance à la voiture.
Qu’il s’agisse d’accompagner les jeunes dans la découverte de nouvelles expériences, d’aider les adultes à retrouver confiance sur un vélo, ou encore de renforcer les infrastructures pour encourager les déplacements du quotidien, nous avons à cœur de répondre aux besoins de tous.