Quel impact a la météo sur le déroulement des sessions SRAV ?
L'impact varie selon les conditions météorologiques, mais le principe est que les enfants apprennent à rouler sous toutes les conditions. Nous intervenons principalement en temps scolaire, donc c'est toujours l'enseignant qui décide si l'on maintient la session ou non. De notre côté, avec les éducateurs, nous avons tendance à vouloir maintenir les sessions même sous la pluie. Les enseignants sont plutôt d'accord avec cette approche car rouler sous la pluie nécessite d'autres réflexes qu'il est important d'acquérir.
La difficulté se pose davantage pour les éducateurs qui enchaînent cinq heures d'intervention sous la pluie que pour les enfants qui n'ont que des sessions de trois quarts d'heure à une heure.
Comment organisez-vous vos sessions pour vous adapter à la météo ?
Dans les Deux-Sèvres, nous avons développé une méthodologie spécifique où l'apprentissage se déroule sur une semaine complète, du lundi au vendredi, avec 24 heures d'intervention (lire notre article sur le sujet). Cette immersion totale nous offre une grande flexibilité pour nous adapter aux conditions météorologiques.
La semaine est structurée de manière progressive : les premiers jours sont consacrés aux fondamentaux dans la cour de l'école, puis nous sortons progressivement en milieu ouvert. Par exemple, en début de semaine, si le temps est mauvais, nous pouvons privilégier les apprentissages en classe et garder les sorties pour les moments plus favorables.
Le dernier jour de la semaine, nous partons toujours en randonnée, en moyenne 20 kilomètres avec les élèves. S'il pleut, nous privilégions d'avoir un endroit où pique-niquer au chaud et nous insistons particulièrement sur l'équipement à prévoir.
Quels sont vos conseils en matière d'équipement ?
Il faut éviter le T-shirt en coton car il retient l'humidité et ne sèche jamais. Nous conseillons plutôt des vêtements en synthétique ou en laine mérinos qui sèchent très vite, ainsi qu’un vêtement de pluie. Les gants sont très importants, surtout quand il fait froid. Il est préférable d'avoir des gants avec des accroches au bout des doigts pour ne pas glisser sur les freins quand ils sont mouillés.
Pour le bas, un sur-pantalon est idéal, sinon un jogging fait l'affaire. On évite le jean pour limiter les frottements. Il est également important de prévoir des vêtements de rechange.
Quelles précautions particulières prenez-vous pour assurer la sécurité ?
La visibilité est primordiale : on sort toujours avec un gilet jaune, des lumières et des réflecteurs sur le vélo. La pluie n'est pas ce qu'il y a de plus dérangeant en termes de visibilité : le brouillard pose davantage de problèmes. Dans ce cas, nous retardons souvent notre sortie d'une ou deux heures pour laisser le temps au brouillard de se lever. Si le brouillard altère vraiment la visibilité, nous renforçons la sécurité avec une voiture-balai en warnings, mais cette situation reste rare : l'année dernière, nous n'avons eu besoin de ce dispositif que deux fois sur une soixantaine de sorties.
Le vent est aussi un élément compliqué à gérer. Un vent de face pendant 5-6 kilomètres est vraiment éprouvant pour les enfants. Cependant, comme ils roulent en groupe, ils sont moins gênés.
Comment réagissent les enfants face au mauvais temps ?
Dès qu'ils sont sur un vélo, les enfants sont motivés ! Il n'y a aucun souci pour qu'ils roulent sous la pluie. Nous en profitons même pour leur apprendre à bien passer les flaques d'eau : il faut aller vite et passer bien au milieu des flaques. Ils adorent ça !
Quelles alternatives proposez-vous quand les conditions sont vraiment trop mauvaises ?
Nous avons toujours accès à la salle de classe des élèves. Nous utilisons alors le logiciel APER, qui permet l'apprentissage de la sécurité routière.
Nous pouvons aussi organiser des ateliers de réparation, souvent en demi-groupe, sous un préau. Les enfants apprennent à réparer une crevaison, à régler un frein, à bien serrer leur guidon, à remettre une chaîne... Ils sont très demandeurs de ces apprentissages. Nous faisons également de temps de découverte du matériel pour connaître les différentes pièces du vélo et leur fonctionnement.
Avez-vous une anecdote marquante de session par mauvais temps ?
L'année dernière, avec une classe de CM1-CM2 de l'école de Coulon, nous avions prévu une randonnée de 22 kilomètres le dernier jour de la semaine. Malgré la pluie annoncée, l'enseignant, passionné de vélo, a maintenu la sortie. Nous avons fait une quinzaine de kilomètres le matin sous la pluie avant de manger au chaud. L'après-midi, alors que la pluie s'était calmée, en repartant, nous avons découvert qu'un arbre était couché en travers du chemin, conséquence de la tempête du week-end ! Plutôt que de faire un détour de 15 kilomètres alors qu'il ne nous restait que quelques kilomètres à parcourir, nous avons décidé, avec l'aide des parents accompagnateurs, de faire passer tous les vélos et les enfants par-dessus l'arbre. Un peu plus loin, surprise : un deuxième arbre barrait également le passage ! Il a fallu recommencer toute l'opération. Cette année, quand nous sommes revenus dans la même école, tous les CM1 devenus CM2 s'en souvenaient. Ils en gardent un super souvenir.
Quel message adresseriez-vous aux collectivités qui hésitent à mettre en place des sessions SRAV à cause de la météo ?
La météo n'est pas un frein ! Notre but est de démocratiser le vélo comme mode de déplacement. Évidemment, il ne va pas faire beau tous les jours, mais si on apprend à rouler sous la pluie et qu'on a les bons équipements et les bons réflexes, il n'y a aucun problème. Ça fonctionne !