Pourquoi développer des rues scolaires ?
Les rues scolaires sont des voies fermées temporairement aux véhicules motorisés pendant les heures d'entrée et de sortie des écoles. Elles permettent d'améliorer la sécurité et la qualité de l'air à proximité des établissements scolaires. En offrant un espace plus sûr pour les enfants et en réduisant la pollution, elles encouragent et permettent de développer les déplacements actifs tels que la marche et le vélo.
- Sécurité des enfants : la présence de véhicules motorisés autour des écoles augmente les risques d'accidents et de comportements incivils. Des études ont révélé une baisse significative des déplacements actifs au fil des ans, comme l'indiquait le rapport de l’ONAPS pour l’année 2022 : seuls 37 % des élèves se rendent aujourd'hui à l'école à pied, contre 52 % il y a trente ans.
- Réduction de la pollution : les voitures au ralenti lors des « dépose-minute » et les embouteillages autour des écoles contribuent à la pollution atmosphérique. À Londres, des mesures ont démontré que les rues scolaires ont entraîné une réduction de 23 % des oxydes d'azote (NO2) et de 34 % des concentrations de monoxyde d’azote (NO) dans les environs des écoles le matin.
- Développement des déplacements actifs : les rues scolaires favorisent la création d'un environnement plus propice aux déplacements actifs, et notamment la marche et le vélo, alors que 30 % des déplacements domicile-école étaient réalisés en voiture d’après l’IFOP.
Rue scolaire : quelles possibilités et quelle réglementation ?
En Belgique, la rue scolaire est définie dans le code de la route comme « une voie publique située à proximité d’un établissement scolaire où, temporairement et à certaines heures, l’accès de véhicules à moteur est interdit par un signal C3 complété par un panneau additionnel portant la mention “rue scolaire”, sauf si ce panneau additionnel prévoit une dérogation pour certains véhicules à moteur. »
En France, la rue scolaire n’est en revanche pas inscrite dans la réglementation et le code de la route. Différents panneaux existants fournissent cependant un cadre pour apaiser la circulation aux abords des écoles.
- L’aire piétonne : une aire piétonne peut être instaurée de façon temporaire ou permanente dans une seule rue ou une portion de rue. Dans une aire piétonne, les piétons sont prioritaires et seuls les véhicules nécessaires à la desserte interne de la zone sont autorisés à circuler au pas. Sauf indication contraire, les cyclistes et les trottinettes peuvent également circuler, à condition de ne pas gêner les piétons.
- L’interdiction de circuler : contrairement à la signalisation de l’aire piétonne, ce panneau interdit la circulation aux voitures (et aux cyclistes, sauf mention contraire s’il n’y a pas de mention contraire). Comme pour l’aire piétonne, des indications complémentaires peuvent être précisées sur un panonceau : « sauf riverains » ou pour indiquer les horaires d’application de l’interdiction.
- La zone de rencontre : il s’agit d’un espace urbain où piétons, cyclistes et véhicules partagent la voie. Les piétons y sont prioritaires, et les véhicules doivent rouler à vitesse réduite pour assurer leur sécurité.
Comment déployer une rue scolaire ?
Dans son guide méthodologique, l’organisme belge Wallonie Mobilité énonce plusieurs conditions pour valider l’opportunité de créer une rue scolaire :
- l’école doit exprimer une demande et être motivée ;
- la rue doit avoir un caractère résidentiel et ne pas être utilisée comme voie de transit ;
- le trafic reporté sur les rues voisines doit être acceptable ;
- des places de stationnement ou des zones de dépose-minute doivent être disponibles à proximité de l'école ;
- la rue ne doit pas être traversée par une ligne de bus.
Un dispositif qui se développe en France
Si l’Angleterre et la Belgique se sont emparés de ce concept depuis de nombreuses années, son adoption dans l’hexagone est plus récente. Les rues scolaires ont pris leur essor en France à partir du déconfinement en mai 2020 puis à la suite des élections municipales en juin 2021. De nombreux candidats élus avaient en effet inscrit le sujet dans leur programme municipal.
À Paris, les rues scolaires ont ainsi été expérimentées dans le cadre du déconfinement pour le respect de la distanciation physique et afin de lutter contre la pollution. Fin 2023, on dénombrait plus de 200 rues apaisées dans la capitale, représentant presque la moitié des écoles maternelles et élémentaires. Des barrières amovibles sont installées quand c'est possible, permettant le passage des véhicules d'urgence et des services (collecte des ordures ménagères, etc.), tout en interdisant celui des autres véhicules. Si la présence d'accès à des parkings ou des besoins importants en livraison rendent la fermeture complète impossible, les voies sont piétonnisées sans barrières. Dans ces cas, seuls certains véhicules sont autorisés à circuler.
Dans les plus grandes villes françaises, comme à Nantes, Strasbourg, Lyon, Marseille, de nouvelles rues scolaires sont désormais mises en place chaque année. Une expérimentation dans plus d’une dizaine d’écoles à Metz a également été annoncée début 2024.
Pour aller plus loin
Crédit photo : Beneto studio