Mobilité à vélo des collégiens et lycéens : quelles pratiques ?

Auprès des enfants

Publié le 17 avril 2023

En France, la pratique du vélo pour se rendre au collège ou au lycée reste encore largement sous-développée. Pourquoi ? Quels leviers activer pour encourager son usage ? Une étude de l’Ademe fait le point sur les freins et les bonnes pratiques à généraliser.

Fin 2022, l’Ademe a sorti la première étude nationale sur la pratique du vélo par les collégiens et les lycéens. Celle-ci révèle notamment que le vélo est encore très loin d’être devenu un mode de transport du quotidien sur le trajet domicile-établissement pour les adolescents.

Si, aux Pays-Bas, 76 % des élèves du secondaire utilisent le vélo pour se rendre à leur établissement scolaire, la dépendance à la voiture pour ces déplacements est encore très forte en France. Pour rappel, la part modale vélo en France était en 2021 de 3 % pour l’ensemble des Français.

 

Valoriser l’image du vélo 

Pour développer la pratique, la question de la représentation sociale du vélo, ainsi que l’image qui en est véhiculée dans les films et séries par exemple, jouent un rôle-clé. « L’étude a montré, davantage que nous ne l’imaginions, l’influence du groupe d’amis, des réseaux sociaux, des films, etc. auprès des adolescents. Il est nécessaire de changer l’image du vélo pour que, quand un adolescent ou un jeune dit qu’il a un vélo, cela ne soit plus vu comme quelque chose de ringard », expliquent Justine Gardy et Clotilde Imbert, de l’agence Copenhagenize France, qui ont participé à la rédaction du rapport. 

 

Fortes disparités entre filles et garçons

L’étude montre également une pratique du vélo très genrée, au détriment des filles. « Ce constat concerne aussi bien les abords des établissements scolaires des centres urbains, que ceux des villes moyennes, en périphérie ou en milieu rural. Les filles se sentent plus en sécurité à pied qu’à vélo. À l’adolescence, la pratique est aussi plus sportive, davantage tournée vers le VTT que le vélo de ville », précisent Justine Gardy et Clotilde Imbert. Les cadres de vélos à destination des adolescents sont souvent mal adaptés aux vêtements féminins et les filles n’osent pas se lancer, de peur de transpirer ou en raison d’une confiance moindre dans leurs capacités physiques. Elles manquent, par ailleurs, de représentations féminines les incitant à choisir le vélo plutôt qu’un autre mode de déplacement.

 

La nécessité d’engager une démarche collective

La mise en place d’aménagements et d’une démarche en faveur du vélo dans les établissements scolaires favorisent grandement la pratique. L’implication d’un seul acteur sur la thématique du vélo, que ce soit dans les établissements du secondaire ou au sein des instances territoriales, suffit parfois à amorcer une dynamique. « En créant des pistes cyclables et du stationnement, on rassemble les conditions pour développer la part modale du vélo. On constate, en revanche, que l’incitation à la pratique du vélo relève plus souvent de l’initiative personnelle que d’une action concertée. Or, la mobilisation d’une ou deux personnes engendre rarement la durabilité de l’action », alertent Justine Gardy et Clotilde Imbert. Une dynamique collective doit ainsi être mise en place pour permettre à ces actions de perdurer dans le temps.

 

Des collèges mobilisés pour développer l’usage du vélo

La mise en place d’actions de sensibilisation ou d’actions pédagogiques en faveur de l’écomobilité permettent de développer la pratique. Certains départements et établissements scolaires montrent aujourd’hui la voie. Dans l’Hérault et en Gironde, dans certains collèges, plus d’un élève sur deux vient désormais en vélo :
 

  • Dans l’Hérault, la part modale du vélo s’élève à 50 % dans le collège de Jacou (850 élèves). L’établissement dispose d’un réseau de 8 km de pistes cyclables, 125 places de stationnement vélo et une station de gonflage. Le marquage et l’entretien des vélos est également proposé aux collégiens.
  • En Gironde, la ville de Saint-Aubin-de-Médoc a fait le pari de l’apprentissage précoce du vélo, par l’encadrement de Vélobus dès l’école primaire. Le collège Léonard de Vinci (721 élèves) bénéficie des retombées positives de cette sensibilisation dès le plus jeune âge et enregistre une part modale vélo de 40 %.
  • En dépit de son isolement par rapport à la commune de Saint-Jean-d’Illac (33), le collège de l’Estey (516 élèves) comptabilise 500 places de stationnement vélo à l’intérieur de l’établissement et dispose d’une infrastructure cyclable sécurisée et éclairée, aménagée le long de la route départementale. Encouragée par l’équipe pédagogique et plébiscitée par les collégiens, la pratique du vélo s’élève à 76 %.


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